dimanche 26 avril 2009

30 kilo tout mouillé, 1m20 les bras levés

Comme le titre le laisse supposer, ce message est consacré à la fabuleuse compétition intra-étudiant du club/groupuscule/armée de musculation de Tsinghua.

Dans un amphi plein à craquer, cette compétition rassemblait la crème de la crème en matière de danse "hip-hop" et de culturisme (pas en même temps bien sûr), deux phénomènes en pleine explosion au sein de la société chinoise (selon Mathieu).

En gros, la compétition était découpée en trois catégories entrecoupées de performances de dance plus ou moins douteuses (indice: le "plus" est en gras) de la part d'étudiants de Tsinghua ayant souvent commencé à répéter la veille au soir à la lueur d'un lampadaire (véridique). Donc, côté danse, le "level" était pas très haut. Pendant qu'il/elle/ils/elles se donnait/aient en spectacle/es/ées, chaque participant avait sa photo affichée sur l'écran à côté de la scène, photo aux couleurs et à l'éclairage assez approximatifs, dont le thème général semblait être "je me prends en photo dans le couloir du dortoir avec, pour ces dames, une pose langoureuse (très inhabituelle pour les jeunes chinoises), et pour ces messieurs, une pose "ghetto" (suffisamment près pour qu'on puisse apercevoir les ravages de l'acné et la moustache naissante, dont le port est, selon la loi, obligatoire chez les jeunes chinois jusqu'à l'âge de 25 ans).

Pour en revenir à ce que ma curiosité m'avait poussé à venir voir en premier lieu, la compétition de muscu est divisée en trois catégories:-65kg, -70kg et +70kg. Cette répartition assez étonnante a en fait permis de faire des groupes à peu près égaux, comme quoi la moyenne de poids chez les universitaires chinois tourne autour de 70kg alors qu'elle atteint facilement les 85kg chez les bons vieux pélecs. Pour faire vite, tous les participants de chaque catégorie apparaissaient d'abord en ligne, chacun avec leur petit numéro sur le slip moulant, luisant sous les projecteurs grâce à la poudre de perlinpinpin-qui-fait-les-muscles-plus-gros, poudre dont ils s'étaient enduis le corps au préalable (Petite remarque: il semble qu'il y ait deux écoles rivales en ce qui concerne l'application de la poudre; certains considèrent qu'il suffit de se mettre de la poudre uniquement jusqu'au cou, malheureusement la différence de couleurs donne l'impression que la tête et le corps proviennent de deux personnes différentes; d'autres considèrent que tant qu'à ressembler à un Twix, autant l'être jusqu'au bout et ils se recouvrent donc aussi le visage, créant ainsi un effet tout aussi comique). Après ils partent tous et reviennent un par un faire un petit show accompagnés de la musique de leur choix. Certains des participants n'étant encore que des jeunes recrues du club, la masse musculaire mise en valeur lors des contractions, flexions et tortillements est souvent assez décevante.

Parce que j'ai un peu la flemme d'écrire plus de trucs, j'inaugure l'utilisation de l'album Picasa, ce qui m'évite d'uploader pleins de photos avec Blogger. Voila voila

P.S: Mon appareil photo ayant quelques problèmes, les photos sont un peu floues...

Muscu

lundi 6 avril 2009

Le 798, quartier d'art de Beijing


Nous sommes rentrés à Beijing fin février.
Le temps était dégagé, on a pu apercevoir par le hublot en contrebas des reliefs montagneux et des rivières gelées, ou encore de petites villes enchâssées parmi des terres agricoles en jachère.



Certaines photos semblent être tirées de Google Earth...Ce n'est pas le cas, je vous l'assure!
Elles datent par contre de février, il n'y a pas eu de mise à jour depuis longtemps sur le blog. Par manque de temps, surtout, mais pas que. Il a fait si froid que toute sortie demandait un effort surhumain, aller en cours à vélo par -10°C constituait la sortie obligatoire quotidienne et puis c'est tout. Pas de musée, pas de parcs, nada, il faisait trop froid.
Ce qui est étrange, c'est qu'à Beijing il n'y a pas de printemps, ou du moins il est très court, concentré sur une semaine. En un mois on passe de températures hivernales à estivales. Depuis une semaine, il fait toujours beau, le soleil brille et les magnolias du campus sont en fleurs.


Les températures plus clémentes engagent à sortir.
Le week-end dernier nous sommes allés au 798, le quartier d'art contemporain de Pékin. C'est un ancien quartier d'usines désaffectées et d'entrepôts inutilisés. Il a été très vite investi par la jeune avant-garde de l'art pékinois, appréciant à leur juste valeur les innombrables bâtiments aux hautes verrières laissant entrer la lumière.




L'atmosphère y est sympathique et libérée, les oeuvres d'artistes contemporains plus ou moins connus sont exposés dans les petites ruelles, offerts au regard curieux des nombreux visiteurs.






Les oeuvres sont parfois de très mauvais goût ou de facture hasardeuse. Mais aucune n'est enfermée dans un musée ou mise sous verre. Les visiteurs déambulent librement, prennent de photos avec des poses ridicules, accoudés aux statues, rient, critiquent, discutent. (Le petit garçon de la photo d'en haut a d'ailleurs judicieusement fait remarquer à sa mère que "la dame, elle a pas de culotte, pourquoi?". Ce sur quoi sa mère l'a entrainé plus loin.)
Les oeuvres semblent avoir majoritairement deux influences. D'un côté, l'époque révolutionnaire, comme les statues de soldats de l'armée de Mao, les galeries minuscules consacrées à la Grande Marche, la reconstitution des costumes des soldats.

De l'autre, une vision souvent cynique et désabusée du monde chinois aujourd'hui. Une absence de repères, une absence d'envie, une absence de valeurs. Les artistes n'hésitent pas à caricaturer leurs compatriotes, quitte à égratigner la vision assez manichéenne d'une Chine en plein essor économique. Elle l'est, mais ce n'est qu'un côté de la médaille. Il y a aussi les travailleurs migrants, une société sur-consumériste, un élan vers on ne sait quoi qui ne peut que troubler. Vers où courent-ils tous, ces petits cols-blancs? (Mais où est le charançon?)


Une des galeries comportait une exposition photo. Je ne m'y connais pas du tout en photographie, mais les portraits gigantesques de personnes anonymes accrochés au mur m'ont impressionnée.
Au détour d'une allée, nous tombons sur une "galerie des monstres".

Cinq géants disproportionnés regardent le visiteur depuis leurs cages de bois. Ce qui est drôle, c'est que les trois groupes de chinoises qui sont passées à côté de la gargouille aux ailes de chauve-souris ont fait exactement le même commentaire: " C'est quoi? C'est un ange, non? Comme il est moche! (哇,是什么? 天使吗?太难看了!)"

Le 798 est un grand quartier d'art, il fourmille d'oeuvres, qu'elles soient sobres ou excentriques. Si vous avez l'occasion d'y aller, n'hésitez pas :)